Un tribunal tchèque a bloqué mardi la signature du contrat entre le gouvernement et la société sud-coréenne KHNP pour la construction de deux réacteurs nucléaires, le temps que la justice se prononce sur une plainte du groupe français EDF.

( AFP / MICHAL CIZEK )
KHNP avait été sélectionné à l'été 2024 pour bâtir deux unités à la centrale de Dukovany (sud) et l'accord devait être entériné mercredi au cours d'une cérémonie officielle.
Mais son rival français a contesté cette décision auprès de l'Autorité de la concurrence et après le rejet définitif de sa requête, il a décidé d'engager la semaine dernière une procédure judiciaire afin de s'assurer de la transparence du processus.
En attendant que les juges statuent, le tribunal régional de Brno, deuxième ville de République tchèque, "a rendu une décision préventive interdisant la signature" du contrat, selon un communiqué publié sur son site internet.
Il a estimé que cela entraverait les chances d'EDF de remporter un éventuel nouvel appel d'offres, même en cas de victoire judiciaire.
"Nous prenons acte de la décision du tribunal", a réagi sur X le Premier ministre Petr Fiala, espérant qu'il tranchera désormais "rapidement".
"Nous sommes convaincus que le processus d'appel d'offres a été mené correctement", a-t-il ajouté.
Dans une déclaration transmise à l'AFP, EDF a salué ce jugement "qui fournit le temps nécessaire pour évaluer de manière approfondie toute violation potentielle de ses droits", se disant "pleinement déterminé" à poursuivre son offensive judiciaire.
Le groupe énergétique tchèque CEZ, contrôlé par l'État, exploite deux centrales nucléaires - Temelin et Dukovany, toutes deux situées dans le sud du pays, qui représentent environ 40% de la production nationale d'électricité.
Avec les deux nouvelles unités et de petits réacteurs modulaires devant être construits d'ici à 2050, cette part pourrait grimper à 50%, alors que le pays se détourne du charbon et s'est affranchi du pétrole et du gaz venus de Moscou.
CEZ a lui aussi défendu mardi le choix de l'entreprise sud-coréenne à l'issue d'un processus "pleinement transparent à chacune des étapes", appelant EDF à publier les détails de sa candidature pour "écarter tout doute".
KHNP a proposé de construire les deux nouvelles unités pour environ 200 milliards de couronnes tchèques chacune (8 milliards d'euros). Le chantier doit débuter en 2029 pour une mise en service du premier réacteur en 2036.
Si EDF n'a pas dévoilé son offre, le groupe public assure avoir promis d'attribuer 60% du travail à des compagnies tchèques, soit davantage que son concurrent.
Le groupe américain Westinghouse, reprochant à son concurrent coréen l'utilisation de ses technologies sans autorisation, avait également déposé un recours mais a jeté l'éponge après avoir été débouté.
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